“Battle : Los Angeles”, les ovnis attaquent !

Le 13 décembre 2010

L'influence de l'image télévisuelle et du journalisme sur le cinéma de science-fiction permet aux réalisateurs d'ancrer dans le réel leurs productions. Démonstration avec "Battle : Los Angeles", prochaine livraison hollywoodienne de soucoupes tueuses...

Battle: Los Angeles, l’un des films de science-fiction les plus attendus de l’année prochaine, a révélé sa première véritable bande-annonce hier sur le Net. Réalisé par Jonathan Liebesman, le film dépeint la résistance armée face à une attaque extra-terrestre de grande ampleur.Les images impressionnantes de ce futur blockbuster révèlent des indices visuels très particuliers et montrent aussi que le long métrage partage un fond commun avec ses pairs contemporains, et au-delà même du genre SF.

Ce qui nous frappe au premier abord, c’est cette ce tournage caméra à l’épaule, plongeant le spectateur au cœur de la bataille. A l’opposé des grandes envolées en 3D de l’Avatar de James Cameron, Battle: Los Angeles préfère cet aspect “documentaire” que l’on retrouve dans Cloverfield (un monstre géant dans le rues de New York filmé depuis une caméra vidéo amateur) et District 9 (un reportage à Johannesburg sur le transfert d’extra-terrestres d’un camp de réfugiés vers un autre). Tout comme celui de Jonathan Liebesman, ces films de Matt Reeves et de Neill Blomkamp sont leurs premières expériences d’un cinéma à gros budget, à effets spéciaux. Ces derniers ont cependant favorisés l’image vidéo bousculée et malmenée à la majesté d’un plan d’ensemble en Cinémascope ou à la fluidité d’une steadycam pour raconter ces histoires bigger than life en les filmant à hauteur d’homme, comme s’il fallait les ancrer encore plus profondément dans un réel visuel avec ces images artificielles dignes d’un reporter de guerre. Dans le même genre, les prochains Monsters et Skyline, où des extra-terrestres s’en prennent aussi à Los Angeles, ont choisis une approche esthétique du même ordre.

Les images ci-dessus sont issues de la première galerie d’affiches promotionnelles de Battle: Los Angeles que l’on retrouve au début de la bande-annonce sous forme de diapositives. Ces quatre clichés en noir et blanc sont formellement tirés de cet imaginaire visuel du folklore des photographies d’OVNI, et nous sont avancés comme des signes avant-coureurs du drame qui va se jouer dans le long métrage. Plus que d’intégrer la science-fiction par les codes du cinéma direct au présent, le film de Jonathan Liebesman inscrit aussi le récit dans un passé bien défini.

De plus, en opposition à la technologie numérique qui se charge de la captation du présent, le caractère analogique de ces “preuves” rappelle celui du titre du prochain film de J.J. Abrams, autre nouvelle figure incontournable de la science-fiction hollywoodienne (réalisateur du dernier Star Trek et producteur de Cloverfield). Super 8 présentait d’ailleurs à la fin de sa bande-annonce un objectif de caméra (ci-dessus à droite), depuis laquelle d’autres “preuves” semblables ont pu être enregistrées sur un support physique analogique potentiellement incontestable.

Ci-dessus, ce plan est l’un des plus intéressants, car tourné en lumière infrarouge donnant à l’image cette teinte verte bien spécifique. Ce type d’image bien spécifique est très rarement utilisé dans la fiction à grand spectacle. Mais lorsque l’on essaye de se remémorer d’autres exemples représentant cette “nuit verte”, on se réfère systématiquement aux dernières guerres menées par les États-Unis au Moyen Orient. Le spectre de la guerre en Irak refait ici surface avec ces militaires, vêtus d’un uniforme couleur sable, se retrouvent dépassés par ces belliqueux étrangers venus d’ailleurs. Côté décor, les ruines de Los Angeles transforment la “cité des anges” en un véritable territoire de guérilla, très similaire aux actuelles zones de combats urbains en Irak ou en Afghanistan.

En parallèle avec ce plan extrait du Jour d’après de 2004 (ci-dessus à gauche), on note aussi dans Battle: Los Angeles la forte présence d’images dérivées des médias de l’information, notamment de journaux télévisés, avec des reporters courageux en plein cœur de l’action. La télévision est d’ailleurs devenue une figure presque incontournable dans le genre de la science-fiction catastrophe, depuis laquelle les personnages civils comme militaires suivent le cours des événements au fil des minutes. Le journal télévisé et les reportages en direct, les fameux breaking news, ajoutent une valeur supplémentaire de réalisme à la fiction. Sans oublier la publicité faite pour les CNN, Fox News et autre MSNBC, on compte déjà quatre plans dans la bande-annonce contenant ce type de représentations qui partage notre quotidien.

Il serait intéressant d’approfondir le rôle du médium télévisuel dans le genre cinématographique qu’illustrera en avril prochain Battle: Los Angeles, mais la nouvelle génération de cinéastes se lançant dans la science-fiction cherche désormais à raconter ces fictions par une mise en scène forgée dans le réel et Jonathan Liebesman tentera avec son film à nous convaincre du constat qu’établit en 1950 le titre du célèbre ouvrage de Donald Keyhoe : The Flying Saucers Are Real !

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Publié sur le site Culture Visuelle sous le titre “Battle:LosAngeles”, les soucoupes volantes sont réelles !

Captures d’écran de la bande annonce du film Battle:Los Angeles

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