OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Jan Muehlfeit : « Ce siècle n’appartient pas à l’Occident. » http://owni.fr/2011/02/09/jan-muehlfeit-%c2%ab-ce-siecle-nappartient-pas-a-loccident-%c2%bb/ http://owni.fr/2011/02/09/jan-muehlfeit-%c2%ab-ce-siecle-nappartient-pas-a-loccident-%c2%bb/#comments Wed, 09 Feb 2011 07:30:49 +0000 Roman Chlupaty http://owni.fr/?p=45724 Jan Muehlfeit, est le directeur de Microsoft Europe. Il a accepté de répondre à nos questions sur la crise, l’établissement d’un monde multipolaire et les leçons à tirer de ces changements.

L’Ouest a dominé une grande partie du monde depuis la chute de l’empire soviétique. Est-ce que vous pensez qu’avec la crise, des choses vont changer ? En d’autres termes, la crise pourrait-elle menacer ou changer la position de l’Occident ?

Plusieurs choses qui doivent être prises en considération se sont passées ces dix dernières années. D’abord, la mondialisation est en marche. Et elle ne concerne pas uniquement l’Ouest, mais aussi l’Asie et l’Amérique Latine. Il y a 10 ans, les marchés émergents étaient endettés et l’Occident était plus prospère. Les choses sont très différentes aujourd’hui. Les pays asiatiques ont 4,6 trillions de dollars US de réserve financière, 2,6 trillions juste pour la Chine. L’hémisphère Ouest, ce que ce soit l’Europe, l’Amérique du nord ou d’autres pays, est endetté. C’est l’une des choses qui aura un impact important dans le futur.

Un autre facteur est la démographie. La plupart des pays asiatiques, les nouveaux tigres émergents, toucheront comme un dividende démographique. À l’Ouest, et spécialement en Europe, la population vieillit. Cela aura un impact lors des départs à la retraite etc. Enfin, en plus de tout, il y a la crise. C’est pour ces raisons que j’affirme que le XXIe siècle ne sera pas celui de l’Occident. Ce sera le siècle d’une mondialisation équilibrée dans laquelle l’Asie jouera un rôle très important, résultat des tendances démographiques et des dettes occidentales. En plus, et c’est d’autant plus clair quand on regarde beaucoup de pays asiatiques, grâce à leur compétitivité, qui augmente.

Certains affirment que nous faisons l’expérience d’une crise du capitalisme –  au moins dans le sens que nous lui donnons en Occident, c’est à dire en connexion avec la démocratie libérale et que ce faisait, nous avons besoin de grands changements. Quelle est votre position?

Je pense que ce que nous vivons n’est pas une crise du capitalisme mais une crise de leadership. Tout les pays occidentaux ne se trouvent pas dans le même bateau. Le Canada par exemple, qui n’a jamais trop assoupli ses régulations bancaires, a très bien supporté la crise. De même, je pense que c’est une bonne chose que nous soyons passé du G8 au G20 car les cartes, qu’elles soient économiques ou liées à l’influence politique dans le monde, ont été récemment redistribuées quelque peu différemment. Ainsi, ces nouveaux marchés ont leur mot à dire. Si le G20 devait résoudre un problème, là tout de suite, c’est trouver comment introduire un équilibre dans les échanges. Car nous ne pouvons pas avoir une situation dans laquelle d’un côté du monde d’énormes surplus sont créés pendant que l’autre côté, lui, amasse toujours plus de dettes. Il y a un besoin de sortir des perspectives idéologiques et d’avoir un regard rationnel sur la situation.

Une autre chose qui je pense doit changer est les modèles que les économistes utilisent pour leurs prédictions. Les êtres humains sont pleins d’émotions. Pourtant, très peu d’économistes se penchent sur la façon dont les gens fonctionnent. C’est pourquoi je crois que nous devons faire bien plus attention à la psychologie et aux émotions qui sont sans nul doute affectées par les crises et le cycle économique.

Vous mentionnez le comportement des gens, qui est souvent l’objet de discussions liées à la crise : est-elle est une crise de la morale et de l’éthique dans les cercles d’affaires comme certains le pensent, montrant du doigt par exemple ce qui a pu se passer notamment dans des banques américaines ?

Adam Smith, un des pères spirituels du capitalisme, écrivait il a 230 ans dans La Richesse des Nations, que l’on peut faire du profit tout en prenant des précautions, les deux cohabitant de manière équilibrée. Je trouve que nous, en tant que société humaine – et c’est particulièrement vrai pour l’Ouest, nous sommes concentrés énormément sur le profit et très peu sur les précautions, le soin d’autrui, de la société et aussi l’attention à porter à la nature. Il nous faut retrouver cet équilibre. C’est lié par exemple à la façon dont on forme aujourd’hui les dirigeants de demain. La plupart des programmes de type MBA enseignent comment faire du profit. Mais des sujets comme faire attention, la viabilité sur le long terme ou comment faire des affaires de manière responsable manquent à l’appel. Cela doit changer. Car si le système capitaliste veut fonctionner – et je pense que c’est le meilleur système qui a été inventé à ce jour – alors l’équilibre entre le profit et les précautions doit vraiment être préservé.

Peut-on éventuellement considérer ceci comme l’un des leçons de la crise actuelle ? Si oui, est-ce que vous pensez que le monde aura retenu la leçon pour la prochaine fois ?

Je suis d’un optimisme incroyable. Quand je parle avec des représentants d’autres entreprises, dans notre secteur ou ailleurs, ils sont sur la même longueur d’ondes. Je suis optimiste grâce à la jeune génération. Grâce aux réseaux sociaux, elle voit plus loin. Elle comprends la technologie bien mieux que la génération actuellement au pouvoir. Cela veut aussi dire que les membres de cette générations seront dans des positions de pouvoir bien plus rapidement que ma génération. C’est l’une des raisons qui fait de moi un optimiste.

Par contre, je suis moins optimiste à cause du fait que ces entreprises soient des entités cotées en Bourse qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires chaque trimestre. Or si nous voulons changer les choses dont nous discutons en ce moment, il nous faut y inclure ces investisseurs et actionnaires, ce qui est loin d’être le cas. Un autre exemple est ce que l’on appelle la mondialisation inclusive, une mondialisation qui marche plutôt bien pour l’Asie mais bien moins pour l’Afrique. Je pense qu’il nous faut un modèle qui intègre ce continent. Tout ceci est lié à la façon dont nous gérons la transition vers un monde multipolaire, représenté par le G20, en rupture avec le monde bipolaire que nous avions jusqu’alors. Ce changement nécessite de notre part une modification complète des comportements et de leadership.


Enfin, subsiste la nécessité de réduire les inégalités entre les riches et les pauvres. Imaginez un peu: en 1945, les pays développés étaient 5 fois plus riches que les pays pauvres. Aujourd’hui, ils sont 45 fois plus riches.

Vous parlez de la venue d’un monde multipolaire. A la lumière de cette idée, est-ce que le monde des affaires va devoir trouver un langage commun à propos du respect de l’éthique et de la morale, ou bien l’Occident ira dans une direction et la Chine, suivie par les autres pays émergents, ira dans une autre ?

Je pense que nous allons voir une sorte de symbiose entre le modèle occidental et ce que l’on appelle le modèle asiatique, et certaines philosophies orientales auront un impact important et positif. Beaucoup de managers occidentaux ont commencé à méditer – sans aucune connotation religieuse. Simplement, c’est une technique qui leur permet de gérer leur stress. Des Asiatiques viennent étudier en Occident et beaucoup de sociétés occidentales font des affaires en Asie. C’est pourquoi on va voir une certaine inter-connectivité.

En ce qui concerne la morale, je suis convaincu qu’au XXIe siècle, un société prospère ne pourra pas échapper à ce que l’on appelle la responsabilité sociale des entreprises, ou RSE. Les entreprises les plus prospères seront celles qui feront le plus pour être les meilleures sur la planète et pour la planète. C’est lié à ce que je disais sur la jeune génération. Par exemple, lorsqu’il y a 10 ans, j’embauchais quelqu’un à Microsoft et que je demandais s’il avait des questions, beaucoup m’interrogeaient sur les indemnités, les bonus, ce genre de choses. Aujourd’hui, il y a plus de question sur comment une entreprise se comporte: par exemple, est-ce qu’elle est active en Afrique depuis longtemps, ensuite vient souvent la question de savoir ce que l’on ferait pour aider l’Afrique à intégrer la mondialisation. Je le répète, si une entreprise veut avoir du succès au XXIe siècle, la RSE doit faire partie intégrante de sa stratégie.

La RSE est souvent présentée comme étant un obstacle pour les entreprises occidentales. Notamment parce que ce sont elles dont on attend un comportement responsable. Les sociétés en Chine ou dans d’autres pays se développant rapidement ne sentent pas la même pression, du moins elle ne vient pas de leurs marchés domestiques. Est-ce que vous pensez que cela va changer ou bien rester à l’identique – quitte à être un certain désavantage pour l’Occident et ses entreprises ?

Je pense que les choses sont déjà en train de changer. Je suis président de l’Academic Business Society, qui rassemble de grosses entreprises et des universités. Cette institution a été fondé en Europe mais c’est désormais une organisation mondiale. Un nombre grandissant de ses membres viennent d’Asie et d’Amérique latine. Notre symposium le plus récent a eu lieu à Saint-Pétersbourg, en Russie. La RSE a commencé à être un thème abordé dans ces pays. C’est aussi le résultat de la coopération entre des marchés émergents et l’Occident. Imaginez plutôt : si vous voulez créer une entreprise prospère, même si vous n’êtes qu’une petite entreprise de République tchèque qui fournit des pièces à Škoda, vous êtes, grâce à l’inter-connectivité de l’économie mondiale, en compétition avec d’autres petites sociétés situées partout dans le monde.

La RSE peut joué un rôle dans cette rude compétition, c’est pour cela que je ne la considère pas comme un fardeau pour les entreprises.  La responsabilité sociale des entreprises est pour moi partie intégrante de la stratégie commerciale, une partie sans laquelle il est impossible d’exister.

Pour finir, penchons nous à nouveau sur la crise. L’idéogramme chinois pour « crise » signifie à la fois « danger » et « opportunité ». Est-ce que c’est comme cela que vous voyez la crise – pour Microsoft comme pour l’économie mondiale ?

Absolument. C’est en partie dû aux choses dont j’ai parlé – les dettes, la démographie, la compétitivité. La crise est une opportunité incroyable pour mener à bien les réformes nécessaires. En Europe, il s’agit des réformes des retraites et du système sociale ainsi que la réforme de l’Education qui doit offrir plus de soutien à la créativité et à l’innovation étant donné que l’Europe doit gagner sa vie en vendant des idées. Il est grand temps de faire ses réformes. La question qui subsiste est de savoir si les politiciens européens auront le courage de mener à terme ces réformes. Car il y a parfois de grandes différences entre ce que l’on sait que l’on doit faire et ce que l’on fait. Par exemple, l’Union Européenne a une stratégie pour 2020. C’est tout à fait respectable. Mais il faut la mettre en oeuvre. C’est pour cela que je pense que la crise est l’occasion d’apporter des changements. En plus, les gens, les électeurs, sont beaucoup plus ouverts au changement maintenant. Si ces réformes sont bien expliquées, il y aura les opportunités pour les faire passer. Mais la fenêtre de tir dont nous disposons pour agir est limitée.

Interview réalisé par Roman Chlupaty pour Owni et GlobeReporter.org.
Traduction Thomas Seymat

Crédit Photo Flickr CC : Stuck in Custom / Norges Bank

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Les Kiosques numériques sont-ils le problème ou la solution de la presse en ligne? http://owni.fr/2011/01/31/les-kiosque-numeriques-sont-ils-le-probleme-ou-la-solution-de-la-presse-en-ligne/ http://owni.fr/2011/01/31/les-kiosque-numeriques-sont-ils-le-probleme-ou-la-solution-de-la-presse-en-ligne/#comments Mon, 31 Jan 2011 13:00:50 +0000 Régis Confavreux et Romain Saillet http://owni.fr/?p=44421 L’annonce n’est guère une surprise : que Google projette d’être présent sur le segment de la vente des journaux est parfaitement cohérent avec sa stratégie. Quand Eric Schmidt (CEO de Google) explique tout le bien que Google peut faire à la presse, évidemment, on se pose des questions. De son coté, Apple fait aussi fureur dans les médias de presse écrite en exigeant des éditeurs une exclusivité de la commercialisation de leur application, seul le couplage d’une édition papier et d’une édition iPad serait autorisé par l’entreprise à la Pomme. …

Avec le numérique, la presse vit un premier traumatisme qui résulte de l’ouverture de nouveaux canaux de distribution, et de la monétisation problématique des contenus éditoriaux sur ces nouveaux canaux. Les métiers d’éditeur de presse restent fondamentalement inchangés : élaborer du contenu, et si possible « de qualité », « enrichi », « augmenté » : les possibilités offertes de diversification et d’enrichissement des contenus sont démultipliées.

C’est ainsi du côté marketing que les bouleversements sont les plus radicaux. La France est un exemple en la matière :  fini le bon temps des NMPP/MLP qui assuraient la vente au numéro, et celui des mailings qui bon an mal an ont permis la croissance des abonnements. Les NMPP/MLP,  à l’image des éditeurs de presse dont elles sont l’émanation,  ont le « papier » comme culture, et n’ont  pris le virage du numérique que tardivement et timidement. Presstallis (ex-NMPP) a certes créé un kiosque numérique, « madeinpresse » : mais qui le fréquente ?

Des éditeurs ont pris des initiatives en dehors du système coopératif. Lagardère a créé Relay, quelques éditeurs de la PQN mettent en place une offre numérique. Des non-éditeurs aussi créent des kiosques numériques – lekiosque.fr, en est un, et certains courtiers aussi (Viapresse par exemple). On trouve de tout, dans ces initiatives, du papier, du numérique, de la vente au numéro, de la vente à l’abonnement, de la vente d’articles, des offres mulitplateformes…

Mais la France n’est qu’une province, et Apple s’est mis en premier sur le marché mondial de la distribution des produits de presse numériques. Dans sa suite, tous les fournisseurs de smartphone et de tablettes.  Avec ces nouveaux acteurs, se pose un problème de taille – un marché mondial qui échappe aujourd’hui aux acteurs nationaux, et la force commerciale des nouveaux entrants est hors de portée pour des opérateurs purement nationaux, qu’ils soient éditeurs ou non.

Les kiosques numériques se multiplient. Quelles conséquences pour les éditeurs ?

Le risque principal est que les éditeurs laissent se recréer un environnement connu : celui des « collecteurs » et autres « courtiers », que ces derniers imposent leurs conditions commerciales et qu’ils captent tout ou partie des informations permettant de qualifier le lectorat d’un titre de presse. L’existence de ces nouveaux courtiers n’est pas un mal en soi. Elle est bénéfique si l’on parle de volume, voire de la marge, car les conditions tarifaires des boutiques en ligne (iTunes, Blackberry etc) sont plus favorables que celles de la plupart des distributeurs physiques.

Ce qui paraît plus dommageable pour la presse, c’est que les conditions commerciales soient définies par le réseau, et surtout, que le réseau rompe dans la plupart des cas le lien entre éditeurs et lecteurs. Comment mettre en place des offres spéciales ? Avoir une stratégie marketing efficace en matière de positionnement, de fidélisation de ses lecteurs? Comment développer une stratégie de vente adaptée à son produit quand le réseau isole le lecteur de l’éditeur, voire est en mesure d’adopter une stratégie commerciale contraire aux intérêts des éditeurs ?

La presse est ainsi confrontée à l’émergence d’une économie de réseau qu’elle ne maîtrise pas, ou qu’en partie, alors même que la gestion d’une telle économie est traditionnellement, en France tout au moins, un des points faibles du secteur.

Quels atouts pour les éditeurs ?

1. L’innovation éditoriale

Alors qu’un nouveau média – Internet et plus généralement les supports numériques – voyait le jour, les éditeurs n’avaient aucune visibilité sur les bouleversements d’usages qu’allait apporter une telle révolution. Ceci pendant des années. Et même aujourd’hui, aux États-Unis, seulement quelques éditeurs ne sont que récemment sortis du lot grâce à leurs expérimentations. C’est le cas de Wired, qui très vite à compris les nouveaux usages de consommation qu’apportaient les tablette tactiles.

“L’arrivée de la tablette offre un grand champ d’expérimentation pour le futur des médias. Dans les prochains mois, nous intégrerons un média social, et nous offrirons une variété de versions et de modalités d’abonnement numérique. Nous apprendrons à travers l’expérimentation, et nous allons observer dans le détail ce que nos lecteurs nous apprendrons sur comment il veulent utiliser leur tablette.”

Chris Anderson Rédacteur en chef de Wired, 26 Mai 2010

Lors de la sortie de l’iPad, Chris Anderson avait en effet toutes les bonnes raisons de croire que l’avenir se trouvait sur les tablettes. Au cours de la première année de commercialisation, le marché des tablettes a véritablement stoppé net la progression des netbook. Avec près de 15 millions d’iPad vendus, Apple a réussi à conquérir un marché qui n’existait pas il y a encore un an. Apple a réussi à positionner sa tablette comme un outil de consultation de média, ce qui a déclenché l’engouement de bon nombre d’éditeurs.

Le premier exemplaire du journal Wired s’est vendu à plus de 100.000 exemplaires – soit 25.000 de plus que la version papier. Créant ainsi un buzz incroyable sur internet. Pourtant dès le second numéro, les espoirs s’évanouissent avec des ventes divisées par 3, pour atteindre péniblement les 33.000 ventes. La chute des ventes ne s’arrêtera pas là, puisque le troisième numéro se vendra à 28.000 exemplaires, malgré une baisse du prix.

Que s’est-il passé durant ces quelques mois pour la demande retombe aussi vite ?

Michael Philippe, co-fondateur de “Lekiosque.fr” propose une réponse. Selon lui, 67% des lecteurs souhaitent retrouver sur leur tablette leur journal papier. Adieu l’innovation et l’enrichissement de l’information : les usages ne sont pas encore installés. Surtout que du coté des éditeurs, le développement d’un journal enrichi tel que Wired ou Paris Match coûte extrêmement cher, et ne peut être créé pour tous les titres de presse.

La problématique qui se cache derrière cette incroyable déception, est celle de la fidélisation des lecteurs. En l’absence de contenu innovant, et d’évolution dans la gestion du lien entre le titre de presse et les lecteurs, les pratiques semblent aujourd’hui se cantonner à des usages “classiques” ou tout au moins déjà connus. D’où un effet déceptif : les attentes aujourd’hui portent sur l’innovation éditoriale. Seuls 9 % des utilisateurs d’iPad  disent ne pas être intéressés par la lecture de leur magazine sur la tablette. Les fonctionnalités plébiscitées pour la lecture interactive sont la vidéo (75 %), de nouveaux contenus (73 %) et des galeries de photos (71 %) (Source : Etude d’Um et de Time Inc., citée par les Clés de la Presse, n°21 janvier 2011).

La tablette numérique n’est pas le remède miracle aux maux de la presse, de même que le numérique, tablettes ou autres, n’est pas la cause de tous ces maux. Ce ne sont pas les “contenants” qui sont en cause, mais les “contenus”. La cannibalisation du papier par le numérique apparaît de plus en plus clairement comme un mythe, qui masque l’incapacité à gérer diversement les contenus en fonction des supports à la disposition des éditeurs. En l’absence d’innovation éditoriale, on offre partout le même produit, parfois payant, parfois gratuit, en ignorant les diversités d’usage et d’attente tout en initiant un cycle de destruction de valeur.

Le challenge éditorial des éditeurs se dessine peu à peu : des contenus adaptés aux contenants, donc de l’enrichissement, et une réactivité éditoriale accrue en raison de modes de consommation eux-mêmes beaucoup plus versatiles que dans le passé. En ce sens, le confort de l’abonnement (et plus encore celui de l’abonnement par prélèvement bancaire) va rapidement se transformer en souvenir, tandis que les incertitudes et fluctuations de la vente au numéro sont appelées à rythmer la vie de l’éditeur…comme il y a 50 ans.

2. L’innovation publicitaire

Cette même étude nous apprend que :

“Les annonces sur la tablette d’Apple retiennent l’attention à 86 % et sont même appréciées pour leurs fonctions interactives pour 82 % des répondants”

Source : Les Clés de la presse du 21 janvier 2011

Ce n’est bien sûr pas le réseau, mais l’éditeur qui est à même d’inventer de nouveaux formats publicitaires, plus événementiels, plus informatifs, plus  interactifs, sur la marque annonceuse. Passer de la vente au poids à une approche qualitative en matière publicitaire, à condition bien sûr d’être en mesure de connaître ses lecteurs et de pouvoir les qualifier.

3. L’innovation commerciale

En matière de marketing, tout est à inventer. Lekiosque.fr souhaite par exemple développer une nouvelle offre, permettant la consultation de 5 magazines par mois pour moins de 5 euros. Cette offre commerciale s’adapte à notre nouvelle consommation de l’information. Nous ne sommes plus fidèle à un seul journal, ni magazine. Nous nous laissons guider par une première de couverture, un dessin, une info, une exclu, puis dans second temps, par le nom du journal. Cette offre permettra ainsi d’apporter un souffle d’air frais sur les offres d’abonnement aujourd’hui en place.

Cette prise de position a pour elle le mérite de la rationalité économique. Elle répond à une problématique de réseau de distribution, de son animation, de ses performances. Elle ne se substitue pas à la politique commerciale de l’éditeur. Encore qu’on ne sache pas quel type de remontée qualitative vers l’éditeur va être acceptée par ce nouveau kiosque numérique. Nul doute que la qualité de ces remontées constituera un avantage concurrentiel déterminant pour le réseau qui jouera pour, et non contre, les éditeurs.

Dans ce jeu commercial, les éditeurs ont donc des atouts fondamentaux : eux seuls ont la maîtrise de l’innovation éditoriale et publicitaire; eux seuls ont la maîtrise d’une politique marketing sophistiquée de couplage et d’offre éditoriale composites ( les produits de base et des produits dérivés); eux seuls ont la maîtrise leur marque hors réseaux de distribution, via les réseaux sociaux (à titre d’exemple : la part des lecteurs qui “fréquentent” une marque non par accès direct au site mais par recommandations d’article via Facebook, twitter etc… est grandissante : près de 50% pour des sites comme OWNI ou Rue 89)

Tous ces atouts sont mis en danger en l’absence d’un maîtrise des réseaux de distribution : c’est ce qui prend forme si la logique Apple s’impose.

Le nœud gordien : comment gérer les réseaux de distribution ?

Pour les éditeurs, cette interface commerciale peut vite devenir un réel handicap pour le développement de leur stratégie commerciale. Les Google et autres Apple font peur aux éditeurs, car économiquement, aucun éditeur ne peut rivaliser avec la taille de ces poids lourds. Le choix cornélien est alors de faire le choix le moins pire : accepter les conditions commerciales imposées (sur sa boutique d’applications, Apple ponctionne 30% du prix final, lequel n’est même pas libre), et ne plus avoir de contacts avec ses lecteurs, ou alors ne pas y apparaître, mais ne pas profiter de cette formidable vitrine.

En quelques mois, Apple s’est imposé comme une alternative obligée à la diffusion des titres de presse. Aujourd’hui, Apple, Google et autres opérateurs de smartphone prennent les moyens de  s’imposer sur la commercialisation du produit de presse. Pourtant, les relations commerciales de proximité avec son réseau sont une des bases fondamentales du bon fonctionnement d’un média, réactif qui évolue en fonction de son auditoire.

Apple commet une erreur stratégique en imposant aux éditeurs de renoncer à leur propre système de commercialisation de leurs versions tablette ou smartphone pour que leur présence dans Applestore soit maintenue. En effet, de deux choses l’une :

  • soit  Apple est en position dominante sur ce marché de la distribution de la presse. Il serait étonnant qu’une autorité de la concurrence ne sanctionne pas un tel comportement constitutif d’abus de position dominante.
  • soit Apple n’est pas en position dominante, et d’autres offres lui sont substituables. Alors Apple perdra des clients, et favorisera l’achalandage de ses concurrents.

Nous penchons pour la deuxième solution. Des I-stores se développent et vont se développer encore en concurrence frontale avec Apple (merci Google, merci Blackberry et autres vendeurs de smartphones ;) , établissant ainsi, du point de vue du droit de la concurrence, des offres de substitution pour le consommateur. L’initiative, en France, de la PQN de saisir la DGCCRF est fondamentale. Nous aurons enfin une analyse des marchés par les autorités françaises de la concurrence, et une mise sous surveillance de ce marché. Car d’autres risques existent : que les principaux acteurs coordonnent leurs actions, créant ainsi des oligopoles défavorables à l’intérêt du consommateur final, par exemple.

Les kiosques numériques sont en plein essor et promettent un réel développement des usages de lectures des journaux et magazines papiers. Ces kiosques sont un maillon d’un réseau émergeant et complexe de distribution de la presse, constitué de kiosques d’éditeurs, de kiosques de non éditeurs,  et bientôt de points de vente sur les réseaux sociaux, tandis que tout indique que la vente en kiosque va reprendre une part prédominante dans la diffusion des titres de presse par rapport à l’abonnement.

Plutôt que d’engager l’avenir de la distribution de la presse dans des conditions dictées par le réseau “non-éditeurs” il est crucial que les éditeurs maîtrisent l’organisation et le fonctionnement de ce réseau dans ses différentes composantes. Pour cela, ils disposent d’atouts, dans le domaine éditorial, dans celui de la publicité, et dans l’évolution de leurs méthodes de marketing et de promotion de leur marque. Et ils bénéficient d’une protection : le droit de la concurrence. Mais ils souffrent d’handicaps certains : l’inaptitude à l’innovation dans un environnement en forte évolution, et  l’absence de solidarité professionnelle.

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Crédit Photo Flickr CC : ஃ முதல் அ வரை / BenMarvin / angelicchiatrullall (yeppa!) / JmGall54 / K-Ideas

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Les nouvelles insurrections http://owni.fr/2010/09/24/les-nouvelles-insurrections/ http://owni.fr/2010/09/24/les-nouvelles-insurrections/#comments Fri, 24 Sep 2010 16:00:38 +0000 Admin http://owni.fr/?p=29429 Si la politique est avant tout “gestion de la cité”, “l’insurrection qui vient” est alors tout aussi politique que L’accélération, récent ouvrage d’Harmut Rosa.  Et pourtant au sein de la rédaction, quand nous avons décidé d’entamer un dossier sur l’accélération, la lenteur et la mobilité, les débats furent moins passionnés qu’ils ne l’ont été en ce lendemain de manifestation contre les retraites (S02-E02).

L’insurrection n’est pas la révolution. Et les nouvelles insurrections ne sont pas seulement, voire pas du tout, de nouvelles formes de militantisme (au service d’un pouvoir) ni une volonté de renverser ce seul pouvoir. Ce dont il s’agit c’est de renverser la table, philosophique, sociale, économique (…), de choisir pour soi et pour les siens : de se saisir de son destin.

OWNI ouvre aujourd’hui, avec Alain Touraine, Julien Coupat et Etham Zuckerman, entre-autres, un dossier (et plusieurs “Unes“) sur les nouvelles batailles intellectuelles, les nouveaux moyens de lutte politique et les enjeux essentiels qui se posent pour les prochaines générations. Sentez-vous également concernés !

Ces nouvelles insurrections ne composent pas un modèle unique et salvateur mais poussent à multiplier les expériences, à ouvrir vraiment la boîte de pandore. Quelle boîte sans fond ? Celle induite par l’accélération, celle née avec Internet, celle d’un temps qui a connu les bobos et les alters, la “fin de l’histoire”, mais 68 et les révolutions.

Les nouvelles insurrections n’appellent ni au communisme ni à son envers, elle ne disent pas de doctrine mais poussent à faire tomber les œillères.

Alors, comme l’on se doute qu’au doux son du terme “insurrection” vous avez pensé au petit livre “noir” paru il y a deux ans et qui agaça tant le pouvoir nouvellement établi (affaire qui semble depuis avoir fait Psssschit) et qu’il est fort probable que nombre d’entre-vous n’aient pas lu ces pages ni jamais mis les pieds à Tarnac, nous avons décidé de vous offrir les 10 premières pages du livre… Et de vous donner rendez-vous dans quelques jours sur le plateau de Millevaches.

NB : La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 énonce en son article 35 : “Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs”. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1795 n’intègre plus cette notion, jugée trop favorable aux sans-culottes durant la Terreur…

Crédit photo cc FlickR : nicolas_gent(on&off).

L’insurrection qui vient

Sous quelque angle qu’on le prenne, le présent est sans issue. Ce n’est pas la moindre de ses vertus. À ceux qui voudraient absolument espérer, il dérobe tout appui. Ceux qui prétendent détenir des solutions sont démentis dans l’heure. C’est une chose entendue que tout ne peut aller que de mal en pis. « Le futur n’a plus d’avenir » est la sagesse d’une époque qui en est arrivée, sous ses airs d’extrême normalité, au niveau de conscience des premiers punks.

La sphère de la représentation politique se clôt. De gauche à droite, c’est le même néant qui prend des poses de cador ou des airs de vierge, les mêmes têtes de gondole qui échangent leurs discours d’après les dernières trouvailles du service communication. Ceux qui votent encore donnent l’impression de n’avoir plus d’autre intention que de faire sauter les urnes à force de voter en pure protestation.

On commence à deviner que c’est en fait contre le vote lui-même que l’on continue de voter. Rien de ce qui se présente n’est, de loin, à la hauteur
de la situation. Dans son silence même, la population semble infiniment plus adulte que tous les pantins qui se chamaillent pour la gouverner. N’importe quel chibani de Belleville est plus sage dans ses paroles qu’aucun de nos soi-disant dirigeants dans toutes ses déclarations. Le couvercle de la marmite sociale se referme à triple cran tandis qu’à l’intérieur la pression ne cesse de monter. Parti d’Argentine, le spectre du Que se vayan todos ! commence à sérieusement hanter les têtes dirigeantes.

L’incendie de novembre 2005 n’en finit plus de projeter son ombre sur toutes les consciences. Ces premiers feux de joie sont le baptême d’une décennie pleine de promesses. Le conte médiatique des banlieues-contre-la-République, s’il ne manque pas d’efficacité, manque la vérité. Des foyers ont pris jusque dans les centres-villes, qui ont été méthodiquement tus. Des rues entières de Barcelone ont brûlé en solidarité, sans que nul n’en sache rien que leurs habitants. Et il n’est même pas vrai que le pays ait depuis lors cessé de flamber. On trouve parmi les inculpés toutes sortes de profils que n’unifie guère que la haine de la société existante, et non l’appartenance de classe, de race ou de quartier.

L’inédit ne réside pas dans une « révolte des banlieues » qui n’était déjà pas nouvelle en 1980, mais dans la rupture avec ses formes établies. Les assaillants n’écoutent plus personne, ni les grands frères ni l’association locale qui devrait gérer le retour à la normale. Aucun SOS Racisme ne pourra plonger ses racines cancéreuses dans cet événement-là, à quoi seules la fatigue, la falsification et l’omertà médiatiques ont pu feindre de mettre un terme. Toute cette série de frappes nocturnes, d’attaques anonymes, de destructions sans phrases a eu le mérite d’ouvrir à son maximum la béance entre la politique et le politique. Nul ne peut honnêtement nier la charge d’évidence de cet assaut qui ne formulait aucune revendication, aucun message autre que de menace ; qui n’avait que faire de la politique. Il faut être aveugle pour ne pas voir tout ce qu’il y a de purement politique dans cette négation résolue de la politique; ou ne rien connaître aux mouvements autonomes de la jeunesse depuis trente ans. On a brûlé en enfants perdus les premiers bibelots d’une société qui ne mérite pas plus d’égards que les monuments de Paris à la fin de la Semaine sanglante, et qui le sait. Il n’y aura pas de solution sociale à la situation présente.

D’abord parce que le vague agrégat de milieux, d’institutions et de bulles individuelles que l’on appelle par antiphrase « société » est sans consistance, ensuite parce qu’il n’y a plus de langage pour l’expérience commune. Et l’on ne partage pas des richesses si l’on ne partage pas un langage. Il a fallu un demi-siècle de lutte autour des Lumières pour fondre la possibilité de la Révolution française, et un siècle de lutte autour du travail pour accoucher du redoutable «État providence ». Les luttes créent le langage dans lequel se dit le nouvel ordre. Rien de semblable aujourd’hui.

L’Europe est un continent désargenté qui va faire en cachette ses courses chez Lidl et voyage en low cost pour encore voyager. Aucun des « problèmes » qui se formulent dans le langage social n’y admet de résolution. La « question des retraites », celle de la « précarité », des « jeunes» et de leur «violence» ne peuvent que rester en suspens, pendant que l’on gère policièrement les passages à l’acte toujours plus saisissants qu’elles recouvrent. On n’arrivera pas à enchanter le fait de torcher à vil prix des vieillards abandonnés des leurs et qui n’ont rien à dire. Ceux qui ont trouvé dans les voies criminelles moins d’humiliation et plus de bénéfices que dans l’entretien de surfaces ne rendront pas leurs armes, et la prison ne leur inculquera pas l’amour de la société. La rage de jouir des hordes de retraités ne supportera pas à plat ventre des coupes sombres dans ses rentes mensuelles, et ne peut que s’exciter davantage devant le refus du travail d’une large fraction de la jeunesse. Pour finir, aucun revenu garanti accordé au lendemain d’un quasi-soulèvement ne posera les bases d’un nouveau New Deal, d’un nouveau pacte, d’une nouvelle paix. Le sentiment social s’est bien trop évaporé pour cela.

En fait de solution, la pression pour que rien ne se passe, et avec elle le quadrillage policier du ter-ritoire, ne vont cesser de s’accentuer. Le drone qui, de l’aveu même de la police, a survolé le 14 juillet dernier la Seine-Saint-Denis dessine le futur en couleurs plus franches que toutes les brumes humanistes.

Que l’on ait pris le soin de préciser qu’il n’était pas armé énonce assez clairement dans quelle voie nous sommes engagés. Le territoire sera découpé en zones toujours plus étanches. Des autoroutes placées en bordure d’un « quartier sensible » font un mur invisible et tout à fait à même de le séparer des zones pavillonnaires. Quoi qu’en pensent les bonnes âmes républicaines, la gestion des quartiers «par communauté» est de notoriété la plus opérante. Les portions purement métropolitaines du territoire, les principaux centresvilles, mèneront dans une déconstruction toujours plus retorse, toujours plus sophistiquée, toujours plus éclatante, leur vie luxueuse. Elles éclaireront toute la planète de leur lumière de bordel pendant que les patrouilles de la BAC, de compagnies de sécurité privées, bref : les milices, se multiplieront à l’infini, tout en bénéficiant d’une couverture judiciaire toujours plus impudente.

L’impasse du présent, partout perceptible, est partout déniée. Jamais tant de psychologues, de sociologues et de littérateurs ne s’y seront employés, chacun dans son jargon spécial où la conclusion est spécialement manquante. Il suffit d’entendre les chants de l’époque, les bluettes de la « nouvelle chanson française » où la petite bourgeoisie dissèque ses états d’âme et les déclarations de guerre de la mafia K’1Fry, pour savoir qu’une coexistence cessera bientôt, qu’une décision est proche.

Ce livre est signé d’un nom de collectif imaginaire.

Ses rédacteurs n’en sont pas les auteurs. Ils se sont contentés de mettre un peu d’ordre dans les lieux communs de l’époque, dans ce qui se murmure aux tables des bars, derrière la porte close des chambres à coucher. Ils n’ont fait que fixer les vérités nécessaires, celles dont le refoulement universel remplit les hôpitaux psychiatriques et les regards de peine. Ils se sont faits les scribes de la situation.

C’est le privilège des circonstances radicales que la justesse y mène en bonne logique à la révolution.

Il suffit de dire ce que l’on a sous les yeux et de ne pas éluder la conclusion.

Premier cercle «I AM WHAT I AM»

«I AM WHAT I AM.» C’est la dernière offrande du marketing au monde, le stade ultime de l’évolution publicitaire, en avant, tellement en avant de toutes les exhortations à être différent, à être soimême et à boire Pepsi. Des décennies de concepts pour en arriver là, à la pure tautologie. JE = JE. Il court sur un tapis roulant devant le miroir de son club de gym. Elle revient du boulot au volant de sa Smart. Vont-ils se rencontrer ?

« JE SUIS CE QUE JE SUIS. » Mon corps m’appartient. Je suis moi, toi t’es toi, et ça va mal. Personnalisation de masse. Individualisation de toutes les conditions – de vie, de travail, de malheur. Schizophrénie diffuse. Dépression rampante. Atomisation en fines particules paranoïaques.

Hystérisation du contact. Plus je veux être Moi, plus j’ai le sentiment d’un vide. Plus je m’exprime, plus je me taris. Plus je me cours après, plus je suis fatiguée. Je tiens, tu tiens, nous tenons notre Moi comme un guichet fastidieux. Nous sommes devenus les représentants de nous-mêmes – cet étrange commerce, les garants d’une personnalisation qui a tout l’air, à la fin, d’une amputation. Nous assurons jusqu’à la ruine avec une maladresse plus ou moins déguisée.

En attendant, je gère. La quête de soi, mon blog, mon appart, les dernières conneries à la mode, les histoires de couple, de cul… ce qu’il faut de prothèses pour faire tenir un Moi ! Si « la société» n’était pas devenue cette abstraction définitive, elle désignerait l’ensemble des béquilles existentielles que l’on me tend pour me permettre de me traîner encore, l’ensemble des dépendances que j’ai contractées pour prix de mon identité. Le handicapé est le modèle de la citoyenneté qui vient. Ce n’est pas sans prémonition que les associations qui l’exploitent revendiquent à présent pour lui le «revenu d’existence ».

L’injonction, partout, à « être quelqu’un » entretient l’état pathologique qui rend cette société nécessaire. L’injonction à être fort produit la faiblesse par quoi elle se maintient, à tel point que tout semble prendre un aspect thérapeutique, même travailler, même aimer. Tous les « ça va ? » qui s’échangent en une journée font songer à autant de prises de température que s’administrent les uns aux autres une société de patients. La sociabilité est maintenant faite de mille petites niches, de mille petits refuges où l’on se tient chaud. Où c’est toujours mieux que le grand froid dehors. Où tout est faux, car tout n’est que prétexte à se réchauffer. Où rien ne peut advenir parce que l’on y est sourdement occupé à grelotter ensemble. Cette société ne tiendra bientôt plus que par la tension de tous les atomes sociaux vers une illusoire guérison. C’est une centrale qui tire son turbinage d’une gigantesque retenue de larmes toujours au bord de se déverser.

«I AM WHAT I AM.» Jamais domination n’avait trouvé mot d’ordre plus insoupçonnable. Le maintien du Moi dans un état de demi-délabrement permanent, dans une demi-défaillance chronique est le secret le mieux gardé de l’ordre des choses actuel.

Le Moi faible, déprimé, autocritique, virtuel est par essence ce sujet indéfiniment adaptable que requiert une production fondée sur l’innovation, l’obsolescence accélérée des technologies, le bouleversement constant des normes sociales, la flexibilité généralisée. Il est à la fois le consommateur le plus vorace et, paradoxalement, le Moi le plus productif, celui qui se jettera avec le plus d’énergie et d’avidité sur le moindre projet, pour revenir plus tard à son état larvaire d’origine.

«CE QUE JE SUIS», alors ? Traversé depuis l’enfance de flux de lait, d’odeurs, d’histoires, de sons, d’affections, de comptines, de substances, de gestes, d’idées, d’impressions, de regards, de chants et de bouffe. Ce que je suis ? Lié de toutes parts à des lieux, des souffrances, des ancêtres, des amis, des amours, des événements, des langues, des souvenirs, à toutes sortes de choses qui, de toute évidence, ne sont pas moi. Tout ce qui m’attache au monde, tous les liens qui me constituent, toutes les forces qui me peuplent ne tissent pas une identité, comme on m’incite à la brandir, mais une existence, singulière, commune, vivante, et d’où émerge par endroits, par moments, cet être qui dit « je ». Notre sentiment d’inconsistance n’est que l’effet de cette bête croyance dans la permanence du Moi, et du peu de soin que nous accordons à ce qui nous fait.

Il y a un vertige à voir ainsi trôner sur un gratteciel de Shanghaï le «I AM WHAT I AM » de Reebok. L’Occident avance partout, comme son cheval de Troie favori, cette tuante antinomie entre le Moi et le monde, l’individu et le groupe, entre attachement et liberté. La liberté n’est pas le geste de se défaire de nos attachements, mais la capacité pratique à opérer sur eux, à s’y mouvoir, à les établir ou à les trancher. La famille n’existe comme famille, c’est-à-dire comme enfer, que pour celui qui a renoncé à en altérer les mécanismes débilitants, ou ne sait comment faire. La liberté de s’arracher a toujours été le fantôme de la liberté. On ne se débarrasse pas de ce qui nous entrave sans perdre dans le même temps ce sur quoi nos forces pourraient s’exercer.

« I AM WHAT I AM», donc, non un simple mensonge, une simple campagne de publicité, mais une campagne militaire, un cri de guerre dirigé contre tout ce qu’il y a entre les êtres, contre tout ce qui circule indistinctement, tout ce qui les lie invisiblement, tout ce qui fait obstacle à la parfaite désolation, contre tout ce qui fait que nous existons et que le monde n’a pas partout l’aspect d’une autoroute, d’un parc d’attraction ou d’une ville nouvelle : ennui pur, sans passion et bien ordonné, espace vide, glacé, où ne transitent plus que des corps immatriculés, des molécules automobiles et des marchandises idéales.

La France n’est pas la patrie des anxiolytiques, le paradis des antidépresseurs, la Mecque de la névrose sans être simultanément le champion européen de la productivité horaire. La maladie, la fatigue, la dépression, peuvent être prises comme les symptômes individuels de ce dont il faut guérir. Elles travaillent alors au maintien de l’ordre existant, à mon ajustement docile à des normes débiles, à la modernisation de mes béquilles. Elles recouvrent la sélection en moi des penchants opportuns, conformes, productifs, et de ceux dont il va falloir faire gentiment le deuil. « Il faut savoir changer, tu sais. » Mais, prises comme faits, mes défaillances peuvent aussi amener au démantèlement de l’hypothèse du Moi. Elles deviennent alors actes de résistance dans la guerre en cours. Elles deviennent rébellion et centre d’énergie contre tout ce qui conspire à nous normaliser, à nous amputer. Le Moi n’est pas ce qui chez nous est en crise, mais la forme que l’on cherche à nous imprimer. On veut faire de nous des Moi bien délimités, bien séparés, classables et recensables par qualités, bref: contrôlables, quand nous sommes créatures parmi les créatures, singularités parmi nos semblables, chair vivante tissant la chair du monde.

Contrairement à ce que l’on nous répète depuis l’enfance, l’intelligence, ce n’est pas de savoir s’adapter – ou si c’est une intelligence, c’est celle des esclaves. Notre inadaptation, notre fatigue ne sont des problèmes que du point de vue de ce qui veut nous soumettre. Elles indiquent plutôt un point de départ, un point de jonction pour des complicités inédites. Elles font voir un paysage autrement plus délabré, mais infiniment plus partageable que toutes les fantasmagories que cette société entretient sur son compte.

Nous ne sommes pas déprimés, nous sommes en grève. Pour qui refuse de se gérer, la « dépression » n’est pas un état, mais un passage, un au revoir, un pas de côté vers une désaffiliation politique.

À partir de là, il n’y a pas de conciliation autre que médicamenteuse, et policière. C’est bien pour cela que cette société ne craint pas d’imposer la Ritaline à ses enfants trop vivants, tresse à tout va des longes de dépendances pharmaceutiques et prétend détecter dès trois ans les «troubles du comportement ». Parce que c’est l’hypothèse du Moi qui partout se fissure.

Deuxième cercle « Le divertissement est un besoin vital »

(…) la suite dans la version papier de L’insurrection qui vient.

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http://owni.fr/2010/09/24/les-nouvelles-insurrections/feed/ 40
L’avenir m’effraie et m’excite http://owni.fr/2010/09/11/l%e2%80%99avenir-m%e2%80%99effraie-et-m%e2%80%99excite/ http://owni.fr/2010/09/11/l%e2%80%99avenir-m%e2%80%99effraie-et-m%e2%80%99excite/#comments Sat, 11 Sep 2010 15:55:37 +0000 Thierry Keller, Blaise Mao et Jérôme Ruskin (Usbek & Rica) http://owni.fr/?p=27893 A l’occasion de la sortie du dernier numéro d’Usbek & Rika, notre dossier s’enrichit d’un texte inédit coécrit par Thierry Keller (rédacteur en chef), Blaise Mao (rédacteur en chef adjoint) et Jérôme Ruskin (fondateur).


Tremblements

A ma « gauche », la peur. Ce sentiment terrible de vertige qui s’empare de moi quand il me prend l’envie masochiste de regarder le JT, d’ouvrir un journal ou tout simplement de marcher dans la rue les yeux grands ouverts. Peur de contracter la grippe A quand le quidam en face de moi éternue, peur de la refiler à mes enfants. Peur aussi de me faire vacciner, et de vraiment l’attraper, car on nous ment, le gouvernement a besoin de froussards comme moi pour écouler ses doses. Peur de rentrer chez moi par le dernier RER. Peur de traverser le quartier qui craint après 21 heures. Si je suis une femme, peur d’attirer le regard salace de la bande de racailles (avant, on disait loubards) qui squattent le hall. S’habiller en mec. Avoir l’air méchant.

N’ayez pas peur !

Jean-Paul II, Entrez dans l’espérance

Peur du déclassement. Peur des courriers officiels. Celui du DRH arrivé sur mon bureau ce matin : entretien préalable au licenciement. Celui de l’agence immobilière : loyers en retard. Mes parents, qui sont caution – à mon âge, quelle honte – vont décacheter la lettre d’huissiers. Peur du coup de fil anonyme de 9 heures du matin. « Bonjour, ici madame Lathune, du CIC. Dites, il y a un souci sur votre compte, un chèque se présente et je n’ai pas la provision ». Brûlure à l’estomac. Peur primale.

Peur de voyager. Et si l’avion n’arrivait jamais à destination ? Mon corps calciné dans l’Atlantique. Mon nom en italique dans « Le Parisien », ma concierge témoigne. Et si j’arrive à destination, qui me garantit que je ne finirai pas en mille morceaux dans une discothèque à Bali, un bus à impériale sur Picadilly Circus ? Broyé dans un tsunami. Attaqué par des pirates au large de la Somalie. Enlevé dans le sud algérien. Egorgé par des fous de Dieu quelque part au Moyen-Orient, ma mort sur Internet, 3 millions de pages vues.

Peur du collège de mon secteur. Seulement 65% de réussite au brevet des collèges. Arabe première langue. Ma fille qui devient gothique, adepte de la vodka-pomme et du jeu du foulard. Elle compile des images de sexe hardcore sur Youporn. Elle veut rester dormir chez son petit ami. Dormir ?

Peur de l’eau du robinet, bourrée de phosphates. Peur des conservateurs chimiques dans mes céréales du matin (il paraît qu’en Occident, les macchabés brûlent moins vite qu’en Inde, à cause de tous les conservateurs ingurgités durant une vie entière).

Peur du réchauffement climatique, de la fonte des glaces, Paris sous la flotte, la prophétie maya, le jour d’après, « La route » de Mac Carthy.

Ma vie n’est que peur. Et je ne suis pas parano. Tout ce qu’on dit est vrai.

Celui qui ne s’est pas libéré de ses liens du sang et du sol n’est pas encore complètement né en tant qu’être humain.

Erich Fromm, Société aliénée et société saine

Cheveux longs

A ma droite, la liberté. Mes pulsions de liberté. Je me laisse pousser les cheveux. La barbe aussi, c’est à la mode. A 45 ans, je suis beau comme un camion avec mes Converse toutes neuves et ma veste de treillis kaki. Je voyage. Je suis un citoyen du monde. Skype me connecte à ma petite sœur partie tenter sa chance en Nouvelle-Zélande. Sur Twitter, je me solidarise avec mes amis iraniens. J’étais à New York pour l’élection d’Obama. J’ai pleuré en écoutant Angela Merkel, sous la pluie, parler de « Freiheit », liberté, sur les vestiges du Mur. Je file à Berlin, 45 euros aller-retour avec Easy Jet. Assiste à la performance d’une artiste mi homme mi femme. M’envole pour Amsterdam. Nouveaux quartiers et coffy shop. Même fumer une cigarette au comptoir me paraît dingue. Alors choisir mon herbe sur le menu…

A mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître en compensation.

Aldous Huxley, Le meilleur des mondes

Mon voisin du dessous est kabyle, son couscous est un délice, sa femme une apparition. Au-dessus, ma voisine parle hongrois et sait tout du Kama-Sutra. Elle ne veut pas se marier ou alors pour de faux. Avec elle, je découvre les trésors cachés de la musique yiddish, sur Internet en libre accès. Elle m’écrit un mail cochon dans sa langue. Google me traduit sa prose en un millième de seconde. Proposition de partie fine. Mes parents ont fait 68 mais votent Sarkozy. S’ils me voyaient ! Je prends des rides et du bide. La peur de la mort, c’est pour les autres. Avec un peu de chance je vivrai jusqu’à 150 ans. Vivre si vieux, ce n’est pas comme mourir. Cellules souches, thérapie génique, opération au laser. Si ça se trouve, j’appartiens à la première génération post-humaine. Je suis Néo dans Matrix. Déjà, avec mes copains, j’expérimente la réalité augmentée. Façon « Existenz », de Cronenberg. Ma ville empeste les gaz d’échappement. Tant mieux, la fin du pétrole est pour demain. Au lieu d’une Clio qui pue, j’aurai une Clio électrique. En attendant, vacances en Bretagne ; je loue une coquille de noix à un pêcheur pour trois fois rien.

Homme libre, toujours tu chériras la mer.

Le monde tout entier aspire à la liberté, et pourtant chaque créature est amoureuse de ses chaînes. Tel est le premier paradoxe et le noeud inextricable de notre nature

Shrî Aurobindo, Aperçus et pensées

L’homme écartelé

Qui suis-je ? L’Homme de la peur ou celui de la Liberté ? Ni l’un ni l’autre. Je suis les deux. Schizophrène, j’erre dans la modernité en jouant aux apprentis sorciers avec mon identité, ma vision du monde, comme on disait dans le temps. Weltanschaung. Je pioche ici et là. Mais que me reste-t-il ? Tous les « ismes » ont failli. Marx et Freud ont chacun leur « livre noir ». Je veux être libre mais je suis tenaillé par la peur.

L’avenir m’effraie et m’excite.

On le sent, on le voit, on le pense : individus et sociétés sont tiraillés. La « foire à tout » du sens est un capharnaüm géant, où chaque prophète devant son étal rivalise avec son voisin pour attirer le chaland orphelin des idéologies globales du siècle dernier. Les uns hurlent : viens dans ma secte, engage toi, vote pour moi, marie-toi, procrée, sois propre, n’aie rien à te reprocher, arrête de fumer, mange cinq fruits et légumes – bio – par jour, fais du sport, élève le mur qui te protège. « Revêtons nos préjugés car ils nous tiennent chaud », disait Barrès, philosophe de la contre révolution qui donne encore son nom à une avenue à Neuilly (tiens tiens). Axiome d’autant plus percutant quand la fin du monde est pour demain. Les millénaristes se lèchent les babines, ringardisant un Le Pen qui avait pourtant bien vu le coup venir.

Les autres disent : apprends, aime, aide, crée ! D’accord, mais ce n’est pas si facile. La liberté, ce truc de riches…

Comment ne pas être écartelé ? Comment organiser la concorde entre le Doctor Jekyll et le Mister Hyde qui se font la guerre dans nos âmes ?

Le courage consiste à dominer sa peur, non pas à ne pas avoir peur

François Mitterrand, Mémoire à deux voix

Les réponses clés en main, c’était le monde d’hier. Alors comment faire ? Parce qu’il va bien falloir le trouver, ce chemin vers la liberté. « Difficile liberté », écrivait Lévinas. Il va bien falloir les vaincre, ces peurs superstitieuses, d’un autre âge, celles que moquaient avec acidité le Voltaire militant de L’Affaire Calas, le Montesquieu de L’Esprit des Lois, et tous les autres amoureux de la liberté, Kant, Fromm, Hugo, Camus. Pas d’humanité sans liberté. Pas de liberté sans responsabilité. S’émanciper de sa condition animale. Briser ses chaînes. Apprendre à vivre sans Dieu. Dominer sa peur. Se dominer soi-même, donc. Donner tort à La Boétie, philosophe de la « servitude volontaire » : « La seule liberté, les hommes ne la désirent point. ». Et s’il était temps de la désirer ?

Thierry Keller, Blaise Mao et Jérôme Ruskin, de la revue Usbek & Rica

Crédits Photo: “The Future”, CC FlickR, par h.koppdelaney


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http://owni.fr/2010/09/11/l%e2%80%99avenir-m%e2%80%99effraie-et-m%e2%80%99excite/feed/ 22
Comment accéder à Internet ? (un guide de 2025) http://owni.fr/2010/06/28/comment-acceder-a-internet-un-guide-de-2025/ http://owni.fr/2010/06/28/comment-acceder-a-internet-un-guide-de-2025/#comments Mon, 28 Jun 2010 08:43:12 +0000 François Nonnenmacher http://owni.fr/?p=20402 Bienvenue sur Internet ! En suivant les règles de ce guide, vous vous assurez d’une expérience d’Internet sans problème et sans risque.

VéritableIdentité

Avant de vous connecter, veuillez vous assurer que vous avez reçu votre carte VéritableIdentité des autorités locales. S’enregistrer directement sur Internet a été rendu illégal par la loi Fin de l’anonymat (dite loi Masson) de 2012, et vous devez vous assurer de signer vos commentaires, courriels, billets etc. avec votre véritable nom. Utiliser votre carte VéritableIdentité est très facile, votre ordinateur (MacOS 15 ou ChromeOS7 et suivants) se connectera automatiquement à votre carte toute proche et la vérifiera avec vos données biométriques. Ne portez pas de maquillage, de voile, de lentilles de contact, et rasez-vous s’il vous plaît avant que le scan biométrique ne démarre (il est conseillé de ne pas entamer une reconnaissance biométrique après une longue nuit de beuverie).

Géolocalisation

Internet est découpé par pays en environ 120 régions. Cela permet que du contenu divertissant approprié vous soit diffusé, et que vous ne trouviez pas de contenu dérangeant. Votre localisation géographique devrait être automatiquement déduite de la position de votre point d’accès qui, s’il concorde avec le pays déclaré sur votre carte VéritableIdentité, vous permettra de continuer. Les utilisateurs des Etats-Unis d’Amérique peuvent profiter de rediffusions de grands shows propriétés des chaînes de télévision comme Friends 2020, par exemple, tandis que les utilisateurs d’autres pays peuvent avoir des goûts et des préférences différentes.

Note aux voyageurs : avant de préparer votre voyage à l’étranger, assurez-vous de déposer une demande de Visa Geolocation afin de pouvoir surfer dans les cyber-cafés du pays de destination. Sinon, vous pouvez enfiler votre combinaison numérique et visiter simplement ce pays à travers Google Street View 3D Plus Touch. Google Street View 3D Plus Touch ne vous montrera de ce pays que les choses qui sont légales dans le vôtre, c’est donc une excellence façon de découvrir efficacement et sans risque d’autres cultures excitantes.

S’inscrire au bon Internet

La plupart des offres de contenus dépendent de l’Internet auquel vous vous êtes abonné. Si vous vous êtes abonné à l’Internet GoogleAppleAmazon, alors vous pourrez accéder en un clic à une vaste bibliothèque de livres numériques, de nombreux films, ainsi qu’un certain nombre de pages personnelles approuvées. Si vous êtes abonné à l’Internet DisneyWarnerBrosViacom, vous accéderez à un catalogue de livres, de films et de pages personnelles différent.

Bien que nous ne puissions pas recommander l’un plutôt que l’autre, l’Internet goo:// est excellent pour la recherche et le divertissement léger (chiens parlants), alors que dis:// fournit l’expérience cinématographique la plus rapide. Stocker les 50 Teraoctets du film Feel3D Le retour de Wall-E Jr. pour voir et toucher de manière fluide prend seulement 1/10è de seconde.

Contenus pour adultes

Si votre carte VéritableIdentité certifie que vous avez plus de 21 ans (30 dans certains pays), vous avez l’âge légal pour voir des contenus pour adultes. Les contenus pour adultes comprennent la pornographie, les discussions de forums non modérées, ainsi que les débats politiques, les vues anti-religieuses, l’expression artistique, et la liberté d’expression en général. Si vous avez moins de 21 ans (30 dans certains pays), vous pouvez toujours discuter de politique et de religion au sein de votre famille, et vous êtes libre de vous exprimer artistiquement dans votre propre maison (d’autres règles et conditions peuvent s’appliquer localement).

Obtenir votre permis de surfer

Obtenir votre permis de surfer est un pré-requis afin de sécuriser le web pour tous. Avant que les gouvernements ne rendent le permis de surfer obligatoire, les gens se trouvaient souvent perdus dans une myriade de sites web, cliquant naïvement sur les publicités clignotantes pour se retrouver spammés par des fenêtres surgissantes. Obtenir le permis prend de deux à cinq jours d’éducation par votre Surf-Ecole locale. Vous devrez vous préparer soigneusement au test final, dans lequel vous aurez à répondre à de simples questions comme celles-ci :

  • Qu’est-ce qu’une arnaque pyramidale, et est-ce que ça fonctionne vraiment ?
  • Comment puis-je remplacer les cellules photovoltaïques de mes cyber-gants ?
  • Pourquoi exactement est-il mauvais pour les gens de critiquer sur Internet leur gouvernement ou les grandes sociétés ?
  • Pourquoi est-il illégal de surfer sans la carte VéritableIdentité ?
  • En quelle année Google a-t-il acheté Internet ?

Placement produit

Comme vous le savez peut-être, le placement produit et les mentions produit sponsorisées dans les vidéos et les textes ont remplacé toutes les autres formes de publicité. Gardez à l’esprit que sans ces placements produit, l’Internet tel que nous le connaissons ne pourrait être financé, et n’existerait même pas ! Tous les principaux producteurs de contenus se sont mis d’accord pour adopter le placement produit plutôt que toute autre forme de publicité en 2014, et depuis 2019 les politiciens gouvernementaux dans plus de 80 pays les ont rejoins, saupoudrant leurs discours politiques de références commerciales. Ceci vous permet de payer moins d’impôts, c’est donc une situation gagnant-gagnant.

Jargon technique

Parfois vous rencontrerez des abréviations spécifiques à Internet. Si vous n’avez pas l’habitude du jargon technique, gardez ce glossaire à portée de main ou chargez-le dans votre module d’extension cérébrale. Les principaux mots-clés sont :

  • WWW — Littéralement « World Wide Web », une expression utilisée dans les premiers temps du web. Elle est depuis passée de mode, mais elle est encore utilisée par certains vieux citoyens numériques. Comme le communisme, c’était une idée séduisante mais complètement irréaliste.
  • Virus — Un virus, souvent appelé « virus informatique » par les nostalgiques, est un programme qui pénètre dans votre puce cervicale et est conçu pour stimuler votre désir consumériste. Si vous vous retrouvez au supermarché pris d’une soudaine envie d’acheter des quantités phénoménales d’une certaine marque de céréales, cela peut être dû à un « virus informatique ». Ces programmes sont clairement illégaux ; stimuler le désir consumériste via la puce cervicale doit être approuvé a priori et réservé aux plus de 6 ans.
  • LOL — La signification mot-à-mot de cette expression est perdue dans la nuit des temps (vous vous rappelez peut-être que la loi Karcheriser le net de 2015 a accidentellement détruit une grande quantité des archives). Quoi qu’il en soit, elle est généralement interprétée comme une forme de rire (et elle a remplacé « A tes souhaits » quand quelqu’un éternue).

Gagner de l’argent sur Internet

Il y a plusieurs façons de gagner de l’argent sur Internet. Voici un bref survol de certaine des activités légales qui peuvent vous rapporter un Euro ou deux :

  • Si vous pouvez obtenir un emploi de Travailleur Cérébral, vous vous répondrez à de simple questions semi-automatisées comme « Est-ce que la personne sur cette photo est un homme ou une femme ? » pendant huit heures par jour. Répondre à ces questions vous permet de motoriser les algorithmes de traitement des données d’entreprises comme Google.
  • Si vous avez la chance de décrocher le boulot bien payé de Placeur d’Idées, vous entrerez dans des zones d’Internet où vous pourrez ajouter des commentaires ou entrer dans des messageries, pour influencer les autres en mentionnant à quel point tel produit, personne ou idée est vraiment bien. Le gouvernement américain emploie environ 150 000 Placeurs d’Idées sur le web.
  • Travailler comme Re-rédacteur Contenus. Chaque jour, de nouveaux articles, images, nouvelles non localisées font leur apparition sur Internet. Avant qu’ils ne puissent être distribués sur les versions localisées du réseau, ils doivent être réécrits pour correspondre localement aux nécessités culturelles et légales. En tant que Re-rédacteur Contenus, votre travail consiste à connaître ces nécessités et d’adapter le contenu en conséquence, en retirant les partie dérangeantes et en réécrivant les faits et parties qui peuvent entraîner une dissonance cognitive pour les consommateurs.

Trouver un partenaire

Etes-vous seul(e) et en recherche du partenaire idéal ? En fonction de vos données biométriques, votre revenu, votre position géographique, et de votre score d’Attitude Générale au Permis de surfer, de 10 à 100 personnes à proximité de vous vous seront suggérées. De prime abord, toutes les rencontrer peut sembler un moyen pénible de trouver le véritable amour — qui a le temps de rencontrer dix personnes s’il n’a pas la garantie qu’elles sont vraiment L’Être Rêvé ? Mais gardez en tête que ceux de la génération de votre grand-mère n’avaient aucun de ces outils à leur disposition, et qu’ils réussissaient tout de même à tomber amoureux.

Tomber sur des contenus illégaux

Aussi sûr qu’est Internet aujourd’hui, il se peut que vous tombiez sur un contenu que vous trouverez inutilement dérangeant. Peut-être qu’un rapport sur la situation politique dans un autre pays vous choque, peut-être qu’un peu de nudité s’est glissé par erreur, peut-être avez-vous téléchargé une version d’un livre de 1990 avant qu’un Re-rédacteur Contenus n’ait pu le modifier. Assurez-vous de notifier ces pages aux autorités Internet locales en utilisant le bouton Signaler de votre système d’exploitation. Une équipe d’experts Internet pourra vous contacter pour de plus amples investigations, et éventuellement venir à votre domicile inspecter votre installation Internet ainsi que la stabilité de votre état mental général.

C’est plus facile qu’il n’y paraît

Avec autant d’informations qui semblent nécessaires pour vos premiers pas en ligne, nous ne voulons pas vous effrayer avant d’entrer sur Internet. Le web est une expérience relaxante, fluide et harmonieuse. Il y a plusieurs décennies, quand le web a été inventé, c’était le chaos total. Points de vue divergents, abondance d’infractions au copyright, contenus non localisés, campagnes de dénigrement anonymes, logiciels non autorisés etc. polluaient le WWW. Comparé à alors, nous avons vraiment de la chance de pouvoir accéder à l’Internet en 2025, et non en 1995.

Bienvenue sur le réseau, et appréciez le séjour !

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Billet originellement publié par Philip Lessen sous le titre How to Access the Internet (A Guide from 2025)“, adapté et traduit par François Nonnenmacher et republié sur son blog.

Crédits Photo CC Flickr : Vermininc, Thomas Hawk, Bzedan, Laughing Squid.

Image de une CC Elsa Secco pour OWNI

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http://owni.fr/2010/06/28/comment-acceder-a-internet-un-guide-de-2025/feed/ 66
Futur du journalisme: ce qu’en pense le créateur de Google News http://owni.fr/2010/06/16/futur-du-journalisme-ce-quen-pense-le-createur-de-google-news/ http://owni.fr/2010/06/16/futur-du-journalisme-ce-quen-pense-le-createur-de-google-news/#comments Wed, 16 Jun 2010 14:59:39 +0000 Admin http://owni.fr/?p=18960 Adaptation / traduction d’un article de The Next Web.

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Le créateur de Google News, Khrishna Barat, a donné un discours sur sa vision du journalisme, lors d’une conférence donnée à l’université de Stanford.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

On le sait, Google News est régulièrement pointé du doigt par les patrons de presse et les rédactions (on pensera évidemment à Murdoch et autres Joffrin). Lancé en 2002 et depuis devenu un des services phares de la firme de Mountain View, il est désormais accusé de voler le contenu des journaux et de s’approprier la manne financière engendrée par le trafic.

Khrishna Barat revient lors de cet entretien sur les origines du service, sa place dans le journalisme contemporain mais surtout le rôle qu’il peut jouer à court et moyen terme dans un écosystème journalistique en mutation.

Malgré les inquiétudes légitimes quant à son avenir proche, Khrishna Barat est convaincu que le journalisme professionnel est encore vivant et bien parti pour le rester. Voici donc selon lui quelques unes des grandes directions que pourrait prendre la profession dans les prochaines années.

Clarté sur le rôle de tous les organes de presses

Il croit dur comme fer à la spécialisation (autant géographique que thématique) des éditeurs en ligne, d’où une nécessaire clarification sur le rôle de chacun.

Un usage accru des réseaux sociaux

Même si la plupart des éditeurs et des journalistes ont pris conscience de l’utilité des réseaux sociaux dans le cadre de leur travail, Bharat est convaincu que leur usage va encore s’intensifier dans le futur.

Un “packaging” et un paiement plus efficaces

Les gens ne paieront plus seulement pour accéder à l’information, mais également pour y accéder plus rapidement, la retrouver plus facilement et via des moyens de paiements simplifiés, sous-entendant que la monétisation du contenu reste – même pour Google – une des clefs du journalisme en ligne.

Des pubs plus intéressantes

Selon lui, il faut que la publicité évoluent vers une meilleure compréhension du marché afin de proposer des contenus plus en phase avec le lectorat d’Internet.

Des packaging mieux étudiés

Plus vague, il évoque également la possibilité pour l’utilisateur d’accéder aux contenus depuis un grand nombre de sources différentes, en les pondérant avec ses centres d’intérêts. Une sorte de Google Reader amélioré, en quelque sorte.

On pourra ajouter deux caractéristiques supplémentaires :

L’utilisation d’applications tierces pour accéder aux contenus informationnels va continuer à se généraliser.

Cela implique évidemment de nouvelles difficultés pour monétiser un contenu visionné et consommé ailleurs.

Les applications

Qu’elles soient purement Internet, sur tablette ou sur smart phone, les applications joueront un rôle central. Les éditeurs qui auront choisi le modèle du mur payant espéreront que les utilisateurs accèdent à leurs contenus via leurs propres applications. Pour ceux qui diffusent librement leur contenus, on verra probablement émerger un système d’applications agrégatives.

Il est intéressant de connaître le point de vue de la firme californienne sur un domaine qu’elle a contribué au bouleverser. Même si cette vision n’est pas surprenante : il ne fallait pas s’attendre à ce que Google donne du grain à moudre à ses plus fervents détracteurs en annonçant la mort du journalisme.

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Traduit et adapté de The Next Web.

A lire également sur la soucoupe : Google prétend toujours sauver le journalisme et la mutation Android de Google.

Crédit Photo CC Flickr : keso.

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http://owni.fr/2010/06/16/futur-du-journalisme-ce-quen-pense-le-createur-de-google-news/feed/ 2
Journaux: comment se débarrasser d’Internet http://owni.fr/2010/05/18/remettre-le-genie-dans-la-bouteille/ http://owni.fr/2010/05/18/remettre-le-genie-dans-la-bouteille/#comments Tue, 18 May 2010 14:13:22 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=15944 Dans l’agenda des médias traditionnels, deux phénomènes synchrones convergent cette année pour tenter de faire rentrer le génie Internet dans la bouteille : l’érection de nouveaux murs payants en ligne et l’arrivée des tablettes, iPad en tête.

Deux phénomènes, qui remettent de la structure dans des contenus fragmentés, redonnent du contrôle aux éditeurs sur l’accès, et nourrissent leur espoir de mettre fin au tout gratuit numérique.

Pour ces médias traditionnels, qui n’en finissent pas d’être chamboulés par la révolution de l’information, les nouveaux usages et la crise économique, l’idée est de tenter de retrouver une marge de manoeuvre, un ballon d’oxygène, pour leurs modèles économiques à bout de souffle, qui ne parviennent plus à financer les contenus capables de capter l’attention du public du 21ème siècle.

Dans le même temps se mettent en place les infrastructures mondiales, pour des connexions de masse, qui accroissent le volume d’informations, accélèrent leur vitesse de circulation et réduisent leur durée de vie dans un web de plus en plus social, personnalisé et instantané, et où les gens passent de plus en plus de temps, chez eux ou en déplacement.

La progression de cette toile de fond, qu’est l’Internet, n’est pas linéaire, mais bien exponentielle, même si le web s’est désormais fracturé, sous l’influence d’Apple, voire d’Amazon, avec leurs nouveaux univers d’applications.

Comment rester pertinent ?

Dans un monde numérique de flux, d’échanges permanents et nomades, de médias fragmentés, où les vieux modèles déclinent, et où l’information n’a jamais été aussi abondante, le défi est de retrouver une fonction de filtre pertinent grâce aux nouveaux outils numériques, pour délivrer l’information dont a besoin le public, là où il le souhaite et quand il le désire. Il est aussi de l’aider à trouver le signal dans le bruit, car les méthodes de découverte changent vite : recommandations, réseaux sociaux, agrégateurs, géo-localisation, listes ….

Qu’on le veuille ou non, bien souvent, la qualité d’accès à l’offre, l’expérience utilisateur, l’ubiquité, et donc la force du service, primeront sur le contenu. Bientôt, l’information sera délivrée en fonction du lieu où nous serons, ou sera directement reliées aux discussions que nous aurons avec nos amis.

Le défi, c’est aussi pour les journalistes, au magistère déclinant, d’accepter de perdre un peu d’autorité et de contrôle, pour être davantage en prise avec l’audience, car l’information voyagera désormais, avec ou sans eux. Il n’y a pas de pénurie d’informations et de contenus, bien au contraire, mais un manque de temps, et donc un besoin de plus en plus urgent d’un filtrage de qualité.

C’est enfin pour les dirigeants de média d’accepter que le web devienne un débouché essentiel, où il n’est pas question de repasser les plats : à eux de trouver les contenus et services différents, qui ne soient pas facilement copiables.

A ces conditions, le public continuera de payer comme il l’a toujours fait. C’est-à-dire pour l’accès à des contenus et des services, qui incluront de l’information de qualité, sélectionnée, disponible partout immédiatement et consommée de plus en plus en mobilité.

Crise systémique

Dans cette crise systémique, des médias traditionnels, figés dans les vieux moules du passé, meurent aujourd’hui, alors que nous souffrons de… Boulimie d’informations. Tout simplement parce que les nouveaux offrent des contenus et des services que les anciens ne fournissaient pas, à des coûts beaucoup plus bas, et avec beaucoup plus de flexibilité.

Les anciens demeurent sur la défensive et ont toujours beaucoup de mal à s’ajuster à ce nouveau monde, où les vieux modèles se désagrègent plus vite que n’émergent les nouveaux.

Combien de ce qu’ils ont perdu dans la crise arriveront-ils à récupérer? Auront-ils le temps de s’adapter alors que les pressions pour réduire les coûts restent très fortes et que la rigueur risque de couper l’élan de la reprise? Quel est l’avenir des unités éditoriales en ligne qui poussent un peu partout?

Pour la presse des pays riches, tout, ou presque, continue d’être orienté à la baisse : le nombre de pages, la diffusion, l’intérêt des annonceurs, les revenus publicitaires, les effectifs. A eux seuls, les magazines américains ont vu s’envoler le quart de leurs pages de publicité l’an dernier.

Chiffres dantesques : -10 milliards $ en un an !

Aux Etats-Unis, pour la presse quotidienne, la publicité, qui assure 80% des revenus des journaux, 2009 fut la pire année en près de 50 ans, avec des chiffres dantesques : le manque à gagner se monte à 10 milliards de dollars par rapport à 2008, déjà désastreuse. L’an dernier, sur le papier elle a encore chuté de 28%, sur le web de 12%, et les petites annonces, dont plus des deux tiers ont disparu depuis 2000, se sont de nouveau évaporées, au rythme de près de 40% en 2009.

L’accélération de la débâcle, qui s’était précipitée en 2008, semble un peu ralentir en ce début 2010. Les patrons de presse évoquent quelques bonnes périodes, puis, souvent hélas, de nouveau des trous noirs. La crise publicitaire est aussi structurelle. Côté papier, il n’y a plus grand chose à réduire: les coûts d’impression et de distribution ne baissent plus et les rédactions ont souvent fondu d’un tiers.

Ils avouent aussi avoir de plus en plus de mal à mettre en oeuvre cette migration vers le numérique, qui, d’une année sur l’autre, n’avance guère finalement. Même Microsoft perd des centaines de millions de dollars sur le web ! Car aujourd’hui, les meilleures places du nouvel écosystème média sont occupées par l’audience, les agrégateurs, les moteurs de recherche et les distributeurs ; non par les producteurs de contenus.

Révolution en marche : les insurgés ont pris les armes ! Le combat est inégal !

Quinze après l’arrivée du web grand public et la prise de conscience progressive de la démocratisation de l’écriture, tout le monde est aujourd’hui devenu un média. La quasi-suppression des barrières à l’entrée pour la publication et la distribution de contenus, a conduit agents politiques, économiques, sociaux, associatifs, culturels, humanitaires, religieux, sportifs, collectifs ou individuels, à prendre directement la parole, et donc à court-circuiter les corps intermédiaires, les médiateurs.

Comme d’autres grandes institutions du 20ème siècle, les médias ont beaucoup de mal à se réinventer. Comme à la Renaissance, une grande période de questionnements remplace une période de révérence.

Ce monde a changé : le réseau Internet englobe des parties de plus en plus significatives de nos activités et de nos vies! Nos vies personnelles et professionnelles passent moins par le papier que par l’écran.

La technologie aussi s’est démocratisée. L’infrastructure pour des connexions massives et en mobilité est en place. Le quart de la population mondiale est interconnecté par un réseau sans tête. L’ordinateur portable est passé devant le fixe. Des milliards de gens sont équipés de téléphones portables. Le mobile ne sert plus à téléphoner: l’échange de données y dépasse le transport de la voix.

L’Internet est sur soi, et plus seulement chez soi. L’internet mobile va dépasser l’Internet fixe. Son adoption par la population est huit fois plus rapide que pour le web. Tout ce que nous faisions à la maison ou au bureau, nous le faisons désormais en déplacement. Dans la rue, les gens ne parlent plus seulement tout seul, mais marchent, penchés en avant, le regard sur leurs écrans d’iPhone ou de Blackberry. Dans les cafés, les laptops sont ouverts, et bientôt les tablettes vont fleurir. La vidéo est consommée partout, via les smart phones et bientôt les lecteurs ebook.

Les DVD sont obsolètes, les CD jetés par les ados, à peine téléchargés, même les fichiers numériques vieillissent face au streaming. Un téléphone portable n’est plus d’ailleurs un simple appareil mais leur alter ego, une extension de leur personnalité, doté d’une bien meilleure mémoire ! Google a presque maîtrisé la traduction simultanée des conversations. La 3D arrive dans nos télévisions connectées au web, et bientôt dans nos mobiles…

Le multi-tasking, n’est plus une exception, mais devient la norme: l’accès à l’information, au savoir, voire à la culture est non seulement instantané, mais souvent réalisé en toile de fond d’une autre activité.

L’information est de plus en plus délivrée en flux, en courants, au fil de l’eau. Elle est stockée non plus dans nos disques durs ou nos serveurs, mais dans les “nuages“. L’extraordinaire succès des applications (à la iPhone) donne aussi un coup de vieux aux navigateurs, voire aux sites web eux-mêmes.

De plus en plus d’appareils différents sont utilisés par une même personne, pas nécessairement techno-béate ! Chaque mois, ou presque surgit une nouvelle rupture technologique : netbooks, smart phones, lecteurs ebook, iPad, 3D, réalité augmentée, etc…

Les réseaux sociaux en ligne prennent la place de la machine à café ou du bistrot. L’Internet et les mobiles ont ajouté une dimension d’expérience sociale à l’information.

Réseaux sociaux : une résidence secondaire !

L’Internet n’est donc pas qu’un lieu d’accès à la connaissance et au savoir. C’est désormais surtout un lieu de socialisation, un endroit où de plus en plus de gens vivent, échangent et communiquent. Une résidence secondaire ! Un lieu où l’information, partagée, est libre de circuler. Un endroit où les gens sont heureux de collaborer sans être rémunérés. Pour les jeunes, les réseaux sociaux sont désormais comme l’air qu’ils respirent ! La musique n’est plus seulement mobile, elle est devenue sociale.

Aujourd’hui, les géants des réseaux sociaux cherchent à prendre la place des anciens grands portails (Google, Yahoo, MSN…) comme porte d’entrée unique du web, et sont souvent plus utilisés que l’email pour communiquer. Ce sont des lieux privilégiés d’informations instantanées et partagées avec l’audience.

Ces “médias sociaux”, nouveaux médias de masse, où les contenus – rappelons-le -, sont produits, modifiés et distribués, au moins en partie, par leur audience, bousculent nos manières de travailler.

Après Google, Facebook (près de 500 millions d’utilisateurs) recentralise le web, en devient son premier site d’informations et le premier pourvoyeur de trafic, et sert d’identité numérique aux internautes pour circuler d’un site à l’autre. Twitter (100 millions) continue sa phénoménale expansion en devenant un outil de « broadcast », de diffusion publique et massive d’une personne vers une multitude, qui bat souvent les médias pour donner les infos importantes et les tendances. Skype compte plus de 500 millions d’utilisateurs, Mozilla et Wikipédia en ont 350 millions chacun.

Après des années d’efforts pour se placer le mieux possible sur Google, cet essor faramineux entraîne les médias traditionnels à privilégier désormais l’optimisation aux médias sociaux (SMO après le SEO): tout faire pour exister là où les gens vivent et échangent. Là où chaque information est accessible instantanément et peut être commentée en temps réel. Pour les médias, le temps réel a remplacé le “prime time”.

L’époque où chacun lisait chaque jour son journal imprimé arrive à son terme. Il devient d’ailleurs physiquement difficile de trouver des quotidiens en papier dans certains centre ville américains, voire même dans des grands hôtels aux Etats-Unis. Cette année, pour la première fois, des prix Pulitzer ont récompensé des sites web d’infos. Le règne sans partage des medias traditionnels, financés par de la publicité globalement inefficace est terminé.

C’est un nouveau temps de co-création avec les « consommacteurs » de l’information, de production pluridisciplinaire en réseau, d’innovations dans la distribution sur les réseaux. Cinq ans après son lancement, le site Huffington Post pourrait dès cette année dépasser le trafic du New York Times.

Le public, guidé par les progrès technologiques, réclame pertinence, instantanéité, facilité d’utilisation, localisation, connectivité, personnalisation de l’information, pour simplifier et enrichir sa vie. De l’information utile au moment présent et venant de multiples canaux.

Pour les médias traditionnels, victimes comme d’autres grandes institutions du 20ème siècle de la défiance du public, cette nouvelle équation gagnante signifie un défi compliqué: amener l’information là où les gens vivent, et essayer de la monétiser. D’où un bel avenir pour la publicité locale.

Tablettes et terminaux nomades: révolution des usages et espoir de la presse

Les tablettes constituent la première vraie opportunité des médias depuis l’arrivée de la dépression, et le développement informatique le plus important depuis l’arrivée des micro-ordinateurs. Elles risquent bien de transformer trois industries qui convergent actuellement à grande vitesse (l’informatique, les télécommunications et les médias).

Elles ouvrent un nouveau marché (une dizaine seront disponibles en 2010) et vont créer une nouvelle relation entre le public et les contenus, entre le public et l’informatique connectée, notamment par ce lien tactile qui permet de surfer avec les doigts et ce web embarqué, qui vont devenir la norme pour les petits objets.

L’iPad d’Apple, vendu à plus d’un million d’exemplaires le premier mois, s’ajoute aux autres appareils nomades (téléphones, laptops, baladeurs). Avec un produit sui generis, Apple fort de plus de 100 millions de clients, tente pour la 4ème fois, une révolution des usages, après avoir déjà transformé l’industrie des ordinateurs individuels (MacIntosh), de la musique (iPod) et de la téléphonie (‘iPhone).

Il offre la combinaison unique des qualités de l’imprimé, du web et de la mobilité et y ajoute une interface tactile. Et surtout un design séduisant de l’appareil et de ses contenus.

Planchettes de salut?

Les tablettes seront-elles de nouveau des outils de distribution de masse de contenus contrôlés (comme les journaux, la télé, la radio) ? Feront-elles revenir l’audience vers de l’information payante ? Les éditeurs seront-ils à la hauteur de cette nouvelle — et peut être dernière — opportunité ? L’iPad sauvera-t-elle la relation entre publicité et éditeurs ?

C’est en tout cas une révolution qui s’annonce pour le monde de l’éducation et déjà un formidable appareil de consommation de média, pour de l’informatique de loisirs passifs (« couch computing »), et donc un nouveau canal de distribution. Nouvelle forme d’accès aux consommateurs pour les marques, l’espoir est d’y vendre un contenu professionnel et que les annonceurs suivent.

Attention toutefois à la tentation de « minitelisation » du web ! Ne réussiront que ceux qui investiront pour y créer une nouvelle valeur pour le consommateur. Les éditeurs doivent se mettre vite au web mobile et aux tablettes, réinventer leurs contenus, stimuler leurs journalistes, créateurs et développeurs et travailler avec les départements marketing pour proposer de nouvelles offres.

Encourageant une nouvelle forme de lecture numérique, elles peuvent encourager une nouvelle forme de journalisme, plus riche, plus longue et plus multimédia. En somme, plus magazine et moins instantanée, comme les web documentaires.

Mais attention, les éditeurs vont aussi être en compétition directe avec d’autres fournisseurs majeurs de contenus : groupes de télévision radios, jeux vidéos, pure players, etc…

Les tablettes ne sauveront donc pas les médias qui sont déjà sous la ligne de flottaison, qui sont déjà dépassés par le web fixe, ou n’ont pas les capacités d’investir, mais elles donneront un coup de fouet aux plus puissants. C’est pour eux l’une des meilleures nouvelles d’espoir depuis des années. Mais pour les autres, le coût pour générer des revenus supplémentaires sera trop élevé.

Il faudra aussi du temps pour que leur utilisation se répande dans le public et pour que les éditeurs y voient clair dans les modèles d’affaires possibles. Il faudra être patient. Le retour sur investissement ne se fera pas en 2010. Nous n’en sommes qu’au début du web mobile et des tablettes, même si les ventes de tablettes (iPad, lecteurs ebook…) devraient atteindre 12 millions d’unités cette année après 5 millions en 2099 et 1 million en 2008.

L’érection désordonnée de nouveaux murs payants

L’arrivée des tablettes, associée à l’espoir d’une nouvelle monétisation, arrive la même année que l’instauration, en ordre dispersé et sans consensus, de barrières payantes sur les contenus d’informations en ligne, annoncée en fanfare il y a juste un an, sans que personne ne puisse dire, à ce jour, si cette stratégie s’avérera …. payante !

Il semble qu’on s’achemine, en fait, vers de nouveaux modèles hybrides avec quelques certitudes: la fidélité à une marque est plus faible en ligne, où la gratuité est une habitude bien ancrée, et où seuls les contenus de qualité, rares, utiles et sélectionnés, pourront se vendre.

Mais pour l’instant, la prudence est de mise. Chacun surveille ses concurrents de peur qu’ils ne laissent, eux, tout gratuit, comme en ont décidé, en Grande Bretagne, le Guardian, le Daily Mail ou le Mirror, en face des murs que mettra en juin Murdoch autour de ses journaux, Times et Sunday Times. Il préfère de petites audiences qui paient à de grandes qui ne paient rien.

Aux Etats-Unis, le New York Times mettra en place en janvier 2011 un péage au compteur (paiement après quelques visites gratuites, comme le Financial Times). En embuscade, le Washington Post reste en mode « wait & see ».

Même si chacun sait que la publicité média ne reviendra pas à ses niveaux antérieurs, qu’elle ne financera plus une rédaction à Peshawar, rares sont ceux désireux de se couper d’audiences, souvent en forte augmentation.

Chacun sent bien aussi que ce type d’initiative se fait à contre-courant d’évolutions sociétales actuelles fortes : ouverture, partage, collaboration, coproduction, etc…

Une logique « freemium » semble donc l’emporter aujourd’hui associant des contenus gratuits (le plus souvent des informations généralistes partout disponibles) à des contenus uniques de niche, et des services de qualité, à valeurs ajoutées, payants. Comme l’information en mobilité (smart phones, tablettes), au risque d’accélérer le déclin du papier. Et, au lieu de faire payer tout le monde un petit peu (longue traîne), l’idée est d’essayer d’obtenir un peu plus de quelques uns. Tout un équilibre savant à trouver.

Surtout que l’enjeu n’est pas seulement de faire consommer des contenus existants, mais surtout de retrouver une nouvelle pertinence, et de ré-initier la relation distendue avec le public.

Distorsion de concurrence et usines à contenus

Les choses se compliquent aussi avec deux nouveaux phénomènes.

D’abord l’apparition ces derniers mois d’un nouveau modèle d’affaires sur le marché de l’information: l’industrialisation de la production de contenus avec de véritables usines (ou fermes) “low cost” produisant chaque jour à la chaîne des milliers d’articles “fast food” de médiocre qualité (textes, photos, vidéos), produits de manière indifférenciée par des pros et des amateurs en fonction des requêtes les plus populaires des moteurs de recherche. Objectif: accroître le trafic des sites d’infos et toucher un peu plus de publicité. Certains estiment qu’en jouant ainsi avec les algorithmes de Google, ces nouvelles firmes de média vont rendre encore plus difficile la recherche du signal dans le bruit.

Ensuite, l’arrivée d’un vrai risque de distorsion de concurrence sur Internet (où tout le monde converge pour offrir finalement un contenu multimédia identique) venant des grands groupes de l’audiovisuel public, qui ont des ressources sans commune mesure avec les médias privés.

Financés par des subventions ou des redevances, ces grandes maisons comme la BBC, l’ARD, la RTBF, etc… mettent en place des stratégies 360°(TV, Internet, mobiles) pour maximiser le nombre de contacts tout au long de la journée avec le public. Elles viennent concurrencer les sites web sur des contenus d’information généralistes, mais défendent la notion d’intérêt général et de bien public que le marché ignore. Faute de modèles économiques probants et dans un secteur en crise, les médias publics risquent bien de devenir plus importants d’ici 10 ans. Bruxelles risque quand même de s’en mêler de plus en plus.

Le génie ne retournera pas dans la bouteille !

Parions que même avec les tablettes et les murs payants en ligne, le génie Internet ne retournera pas dans la bouteille. Le web a atomisé et démultiplié les contenus. Le public a appris à surfer, explorer, découvrir et réassembler. Il n’y jamais eu autant d’outils et d’appareils pour les mettre en relation avec un nombre aussi grand de sources. Après un web de publication et de diffusion, nous avons un web social de flux, où le temps s’est accéléré et l’espace rétréci.

C’est sans doute la chance des médias traditionnels et des journalistes: remettre un peu d’ordre, trier, sélectionner, vérifier, relier, mettre en perspective, donner du sens, packager, personnaliser l’information et les données, qui sont le nouveau pétrole de cette économie post industrielle.

Dans un environnement plus complexe et moins linéaire, les groupes de médias doivent évoluer de manière flexible, dans une culture de l’expérimentation, car ils naviguent dans des eaux qui changent constamment.

Mais attention aussi à la tentation de diaboliser Internet comme en Chine, voire en Australie, où le contrôle s’accroît. L’Internet est à tous, comme la culture. Méfions nous des tentatives d’en restreindre l’accès. La frustration devant les chambardements en cours ne sert à rien, surtout si on continue de proposer des contenus et des produits du 19ème siècle!

Pour offrir la meilleure expérience dans une société de l’interaction, les médias devront réconcilier la dynamique sociale du web et des contenus de qualité. Et garder ce qui fait leur force : leur capacité et leur structure reconnue pour enquêter sur les terrains difficiles et vérifier l’information. Car ils restent récipiendaires d’une certaine confiance. Pour combien de temps ?

Nous ne sommes qu’au tout début de cette révolution de l’information et personne ne sait où elle va !

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Billet originellement publié sur le blog d’Eric Scherer sous le titre “Remettre le génie dans la bouteille”.

Titre par Pierre France.

Retrouvez tous les autres cahiers de tendances d’Eric Scherer :

La nouvelle version sera bientôt disponible sur la soucoupe /-)

Crédits Photo CC Flickr : DotpolkaKevharbOberazziShironeKoeuroObservatoryleakNeedoptic.

Voici l’interview d’Eric Scherer réalisée par Damien van Achter pour le RTBFLabs :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Google joue les Madame Soleil http://owni.fr/2010/05/05/google-joue-les-madame-soleil/ http://owni.fr/2010/05/05/google-joue-les-madame-soleil/#comments Wed, 05 May 2010 08:24:44 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=14555 Selon Mashable, Google aurait investi un montant tenu secret dans une start-up, Recorded Future. Comme son nom l’indique,  elle a pour ambition de créer des logiciels permettant de prédire l’avenir. Rien que ça.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les masses de données disponibles rendraient possible l’établissement de prévisions aussi fiables que celles des bulletins météo, ce qui pour des secteurs comme le marketing ou la finance pourrait s’avérer intéressant.

La voix robotique qui présente la chose fait légèrement froid dans le dos, surtout quand on connaît l’imaginaire dont se nourrissent les fondateurs de la firme…

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L’avenir de la musique est-il dans les données ? [en/5'06] http://owni.fr/2009/10/26/lavenir-de-la-musique-est-il-dans-les-donnees-en506/ http://owni.fr/2009/10/26/lavenir-de-la-musique-est-il-dans-les-donnees-en506/#comments Mon, 26 Oct 2009 13:53:58 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=4943 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Wired nous présente Topspin media qui développe des outils marketing pour permettre aux artistes de communiquer plus facilement avec leurs fans et d’augmenter leurs revenus par ce billet.

Pour nos lecteurs non-anglophones, voici un rapide résumé de ce qui se dit dans cette vidéo :

Ian Rogers, patron chevelu de cette entreprise, nous explique d’abord que les coûts de distribution ont considérablement baissé mais que le marketing reste un élément fondamental et difficile à maitriser. Traditionnellement l’apanage des maisons de disques, le marketing évolue sous l’impulsion du web puisque ” Vous voulez être là où sont les fans “.

Une fois que la présence en ligne est assurée, il s’agit pour les artistes et ceux qui les accompagnent de savoir si telle ou telle opération a eu du succès. C’est là que les données et leur analyse entrent en compte. Un exemple est donné avec les données relatives au téléchargement d’un album de Nine Inch Nails retranscrites sur une Google Map … joli, et utile.

Un premier enseignement : le taux de transformation d’un fan en acheteur est sensiblement le même pour un groupe inconnu que pour un groupe bénéficiant d’une renommée importante.

L’objectif de Ian Rogers est assez simple, et le monsieur est transparent sur le sujet : il s’agit de récolter un maximum d’adresses mail pour pouvoir cibler au mieux les opérations futures.

De bonnes idées pour redonner du baume au cœur à ceux qui cherchent un modèle alternatif au business model de l’industrie du disque …

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L’avenir du métier selon Jérôme Bouvier http://owni.fr/2009/10/08/lavenir-du-metier-selon-jerome-bouvier/ http://owni.fr/2009/10/08/lavenir-du-metier-selon-jerome-bouvier/#comments Wed, 07 Oct 2009 22:39:57 +0000 Le blog des assises du journalisme http://owni.fr/?p=4341 Le président de l’association “Journalisme et Citoyenneté”, qui organise les Assises, livre sa vision de l’évolution du métier de journaliste.

Selon lui, plus la technologie avance, plus le journaliste doit camper sur ses fondamentaux.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En ce qui concerne l’avenir de la presse, Jérôme Bouvier se réjouit que le mythe de la gratuité de l’information soit en train de s’éteindre. Il considère une fois de plus que, quel que soit le support, le journaliste joue sa survie sur sa “valeur ajoutée”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Propos recueillis par Régis MASSINI

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